Un collaborateur de Mirabeau : documents inédits

: EMA

Texte du Moniteur

licité publique. Eh! quelle source féconde de querelles, de difficultés, de procès, ne serait pas tarie par ce moyen simple et naturel! Les tribunaux ne retentissent que trop de contestations causées par l'obscurité des lois, par le choc des usages, l'incertitude du droit entre les diverses classes de citoyens; c’est bien pis encore quand la discorde traîne les familles devant les juges; alors l’acharnement est d'autant plus vif, les difficultés plus interminables, que les liens du sang sont plus étroits; la société en est déchirée, et le scandale s'ajoute à la ruine,

Il y 2 plus, et je crois que léducation d'une famille tend à se régler sur le sort qui attend des enfants dans le partage des biens domestiques; l'inégalité de ce partage appelle l'inégalité des soins paternels, celle même des sentiments et de la tendresse. Mais tandis que le fils privilégié, qui fait plus particulièrement l'espoir et l’'orgueil de ses parents, reçoit une éducation plus recherchée; lui, de son côté, sentant que son sort est fait dans le monde, et qu’il s'agit bien moins pour lui d’être que de paraître, de se rendre utile que de jouir, profite, comme on peut le croire, des soins qu’on lui donne. Quant au reste de la famille, voué en quelque sorte à l'obscurité, son éducation se ressent de la destinée qu’on lui prépare. C’est ainsi que tout se dénature, que tout se corrompt

Brouillon de Reybaz

tés, de procès, ne serait pas tarie par ce moyen simple et naturel! Les tribunaux ne retentissent que trop de contestations causées par l'obscurité des lois, le choc des usages, l'incertitude du droit entre des personnes étrangères. Mais c’est bien pis encore quand 1a discorde traîne les familles devant les juges; alors l’acharnement est d'autant plus vif, les difficultés plus interminables que les liens du sang sont plus étroits; la société en est déchirée et le scandale se joint à la ruine.

Il y à plus, et je pense que toute l’éducation d’une famille tend naturellement à se régler sur le sort qui attend les enfants dans le partage des biens domestiques. L'inégalité de ce partage appelle l’inégalité des soins, celle même des sentiments et de la tendresse. Maïs tandis que le fils privilégié qui fait plus particulièrement l'espoir et l’orgueil de la famille reçoit des soins plus recherchés, plus dispendieux, lui, de son côté, sentant que son sort est fait dans le monde et qu'il s’agit bien moins pour lui d’être que de paraître, de se rendre utile que de jouir, il profite comme on peut le croire des instructions qu’on lui donne. Quelques talents frivoles bornent ses désirs, il ne veut que plaire, comme si cet art pouvait s’allier avec la vanité et l’ignorance. Quant au reste de la fa-