Un diplomate d'il y a cent ans : Frédéric de Gentz (1764-1832)

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l'air. C'était le lien invisible de tous les «cantinapoléoniens » d'Allemagne. Metternich seul semble ne l'avoir pas partagée au même degré. Mais après 1805, chez lui comme chez Gentz, c’est de l’exaspération avec laquelle contraste fort leur calme de 1809 et de 1813. Metternich écrivait en effet le 21 janvier 1806: « Une union de ce qui reste de l’Europe serait nécessaire pour abattre le colosse de l'Ouest el du Sud réunis. Je dis abattre, car dans de telles circonstances, on n’arrivera à rien en se contentant de résister... Cest pourquoi dans les principes directeurs de la dernière coalition se trouvait le germe de sa ruine; on voulait mettre des bornes à lactivité de cet homme, la limiter, on aurait dû vouloir le conquérir, détruire et démembrer son empire. Celui qui ne conquiert pas est conquis.» Mais la passion antinapoléonienne de Metternich était une passion de diplomate, et non la passion d’un écrivain qui avait sans cesse besoin d’être enflammée par un sentiment accessible à l’opinion publique, afin de pouvoir à son tour agir sur elle, Or, il est

1. Ed. Wittichen. TIT 1, lettre 20. Berlin, 21 janvier 1806, p. 45: «Ich sage zu stürzen, denn mit Widerstehen ist bei so gewandten Umständen niemals geholfen. Darum lag wieder in den Grundbegriffen der letzter Koalition der ganze Stoff ihrer Vernichtung; mann wollte dem Manne Schranken setzen, ihn umzäunen; erobern musste man ihn wollen, zerstôren und zerstückeln sein Reich. Wer nicht erobern will wird erobert. » (Lettre de Metternich à Gentz.)