Un diplomate d'il y a cent ans : Frédéric de Gentz (1764-1832)
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décorations. C’est une des voix de cet être silencieux qu'on appelle le gouvernement autrichien. Peut-être avec ses manifestes, ses journaux et ses proclamations a-t-il été aussi redoutable à Napoléon que les glaces de la Russie... Mais les honneurs et les cordons ne sont pas tout pour lui. Les souverains savent qu’il aime aussi l'argent; ils lui en donnent à satiété. Accablé de travaux et d’affaires, blasé sur tous les plaisirs, Gentz cherche à s’étourdir en se précipitant dans le tourbillon du monde: ce n’est pas là qu’il trouvera son bonheur ‘. »
Sans doute, et c’est plutôt une triste figure que nous peint Lagarde. Il est naturel que nous apprenions ensuite que Gentz est un des assidus de l’Auberge de l’Impératrice d'Autriche, «cet arsenal de nouvelles, d’épigrammes, d'observations satiriques * », et qu’il est de ceux qui savent trouver «des mots qui restent»... deux ou trois jours, jusqu’à ce qu'un nouvel intérêt, un nouvel engouement ait dirigé ailleurs les préoccupations d’une société frivole.
1. Comte de Lagarde-Chambonas. Fêtes et Souvenirs du Congrès de Vienne, p. 148.
2. Ibid., p. 188.
3. Ibid., p. 240. Lors de l’enterrement du prince de Ligne, au Leopoldsberg, c'est Gentz qui a tiré la morale de l’apparition inattendue du soleil malgré la saison, en concluant : « IL sembla qu'il voulût saluer une dernière fois ce favori de Dieu et des hommes.» Cf, Tagebücher. I, 345: « Je n’ai perdu cette année en personnes intéressantes que le prince de Ligne. »