Un diplomate d'il y a cent ans : Frédéric de Gentz (1764-1832)

— ee —

lui étaient nettement défavorables !. Le rapport de police du 2? novembre 1814 montre combien cette animosité pouvait aller loin. Dans une conversation avec le baron Ried, le comte Senfft-Pilsach, homme d'Etat saxon, se serait exprimé ainsi : «J’espère qu’on ouvrira les yeux enfin, et qu’on sera persuadé que Metternich n’a jamais su tirer avantage des moments favorables pour la maison d'Autriche... On reviendra à Stadion ; celui-ci au moins est un honnête homme *. » Deux mois à peine avant l’instant où Metternich a sérieusement envisagé la possibilité d'une guerre pour sauver la couronne du roi de Saxe, on était si peu convaincu de ses dispositions dans le parti antiprussien qu’on n'hésitait pas à lui préférer son ancien rival!

D'ailleurs, il y a eu à ce moment — au cours du mois de novembre 1814 — une espèce de revirement dans l’esprit du ministre autrichien, auquel Gentz semble n'avoir pas été étranger. On pourrait suivre la rivalité de la Prusse et de l’Autriche à travers toutes les guerres de la Révolution et de l'Empire, malgré les alliances, les traités, les intérêts communs qui ont pu unir momentanément ces deux puissances. Mais la politique de Metternich, telle que l'avait comprise et soutenue Gentz, avait

1. August Fournier. Die Geheimpolizei, p. 81-83. 2. Tbid., p. 284.