Un diplomate d'il y a cent ans : Frédéric de Gentz (1764-1832)

— 259 —

consisté jusqu'alors à dissiper autant que possible tous les malentendus dans l’intérêt supérieur de l'équilibre européen. Et en dépit de toutes les jalousies, de tous les froissements qui s’étaient manifestés au cours de la campagne de France, on y était arrivé en partie. Il faut du reste dire que nul n’était mieux qualifié pour cela que notre auteur, Silésien d'origine, Prussien de naissance, qui avait fait de l'Autriche sa patrie d'adoption. Ce ne sera done pas un de ses moindres mérites que d’avoir été un des premiers à sentir le danger que présentait une telle politique pour l’Autriche. Elle risquait de devenir entièrement la dupe de la Prusse, et de se rendre incapable de protester dans la suite au nom de l’Europe contre les appétits grandissants de cette puissance. Si, depuis la rupture avec la duchesse de Sagan, Metternich avait des raisons très personnelles de ne plus se faire d'illusions sur l’empereur de Russie, il en conservait peut-être à propos du gouvernement de Frédéric-Guillaume IIL. I] ne le savait pas entièrement inféodé au tsar comme c'était alors le cas. Mais Gentz écrivait alors un mémoire sur la nécessité d’une alliance franco-autrichienne, ce qui était le seul moyen de s’opposer d’une manière efficace aux désirs de conquêtes du parti adverse. Et surtout il en appelait à un des hommes les plus capables de partager ses craintes, à Schwarzenberg,