Un diplomate d'il y a cent ans : Frédéric de Gentz (1764-1832)
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d’autorité, et peut-être a-t-il été entraîné un peu loin dans cette voie. Mais il eût sans doute répondu qu’il plaçait au-dessus de tout le désir de stabilité. qu’il le mettait au centre de sa politique, car c’est seulement à cette condition qu’il pouvait y avoir, selon lui, équilibre. Quant à l'équilibre européen, il avait été rétabli par les traités de 1815. Les vœux de Gentz s'étaient donc réalisés. Il lui restait à travailler au maintien de cet état de choses. Pour cela, le meilleur moyen était de consolider la situation de l’Autriche. En effet, de cet ancien équilibre européen restauré après les guerres de Napoléon, l’Autriche était un des éléments essentiels. En y retardant de vingt ans au moins l’avènement du libéralisme, c’est-à-dire du principe des nationalités avec toutes les suites qu’il comporte, Gentz a agi d’accord avec ses idées générales.
Certes, s’il eût seulement entrevu notre époque de nationalisme intransigeant et de militarisme à outrance, il aurait reculé d'horreur. Dans tous les cas, il a pu se représenter le développement du principe des nationalités, destructeur de tous les équilibres et germe nouveau de complications dans les
1. Le conservatisme de Gentz ne l'a d’ailleurs jamais entierement aveuglé. Voir à ce propos un article écrit un an avant sa mort : Befrachtungen über die politische Lage von Europa nach dem Falle Warschaus. Ed. Schlesier. V, p. 190-206.