Un diplomate d'il y a cent ans : Frédéric de Gentz (1764-1832)
par la raison. Et le penseur qui, en 1795, glorifiait dans son article sur la Découverte de l Amérique la Réforme et l’Aufklärung, n’était pas de ceux qui croient que les choses se justifient uniquement parce qu’elles subsistent. Les institutions les plus vénérables peuvent être vermoulues, elles le deviennent même forcément un jour par suite de l’évolution. Cependant, qui dit évolution dit devenir. Aussi, les changements ne doivent-ils pas être brusques. D’autre part, l’analogie avec la nature ne saurait être poussée trop loin. Le développement des êtres vivants comporte aussi des crises. Gentz a assez réfléchi sur l’histoire pour savoir que souvent en politique on prolonge artificiellement l'existence d’institutions mortes, alors qu’on cherche à étouffer des germes nouveaux de vie. D’où la nécessité de temps en temps de grands coups de balai. Ces souffles libérateurs sont toujours salutaires dans le monde de la pensée. Il auront aussi une influence heureuse sur le monde des faits, si la raison sait les maintenir dans les limites convenables. Or, dès qu’il passe au domaine de la pratique, Gentz a un grand respect pour les faits. Ce n’est là ni le culte du passé, ni le culte de l’expérience, ce serait plutôt le culte du présent. Ainsi, quand au cours de la campagne de France se pose la question du maintien de Napoléon sur le trône, Gentz se prononce nettement pour lui, 18