Un exemple à suivre : la Prusse après Iéna : 1806-1871
32 LA PRUSSE APRÈS IÉNA.
ù bizarreries ne choquaient personne; car le patriotisme germanique n’était pas encore né. La France profitait, plus qu'aucun autre pays, de cet élat de choses; les petits princes allemands étaient, selon l'expression d’un historien, « comme autant de tampons qui amortissaient les chocs entre la France, la Prusse et l’'Autriche. »
Mais tout à coup voici qu’éclatent les guerres de la Révolution : la France revendique à bon droit, la rive gauche du Rhin et les populations rhénanes acceptent joyeusement ce changement de patrie. Mais Napoléon vient compromettre cet heureux résultat; il traite l’Allemagne comme un pays conquis; il dépasse les frontières naturelles de la France, étend son empire jusqu'à Hambourg et Lubeck, c’est-à-dire sur des territoires de race, de langue et de mœurs purement germaniques. Il taille sur le Wéser et l'Elbe des principautés et des royaumes pour ses généraux et ses frères; il ruine l’industrie et le commerce de ces malheureux pavs pour les exigences du blocus continental ; il donne d’une main aux populations les bienfaits de notre code civil; mais de l’autre il les écrase de contributions et de réquisitions ; il sème les os des alliés allemands par toute l’Europe, depuis Cadix jusqu’à Moscou et alors sous ce despotisme brutal la haine s’accumule dans les cœurs, le pa-