Un hiver à Paris sous le Consulat (1802-1803) d'après les lettres de J.-F. Reichardt

4 UN HIVER A PARIS

travaillé un peu à la hâte, en vue de l'Exposition. Son tableau est agréable; malheureusement il est placé trop près du bel Hippolyte de Guérin qui l’écrase. Un portrait par le même Gareis de l'ingénieur Brahl (1), très bien posé à Paris, a du succès.

Les jeunes sculpteurs ne brillent guère plus que les jeunes peintres; ce sont les anciens, Houdon, Pajou, Julien, qui sauvent l'amour-propre national.

Les dessins et modèles d'architecture sont rares, aussi bien que les gravures nouvelles. À côté de celle des Sabines de David (2), qui occupe une place d'honneur, j'ai toutefois remarqué une bonne gravure de son Bélisaire: elle est, je crois, de Morel (3).

Si, jusqu'à présent, David n’a pas été heureux dans le choix de ses graveurs, Gérard a moins de chance encore : son séduisant Amour et Psyché vient d’être reproduit par un burin aussi sec et froid qu’il est peu correct (4).

En résumé, l'Exposition, sans être très remarquable, dénote une activité réelle dans le monde artistique. Le livret donne plus de deux cents noms de peintres et de dessinateurs, parmi lesquels trente-huit noms féminins. Quarante peintres reçoivent des élèves. Regnault et

(1) C'est le nom, suivant l'orthographe allemande, de l'ingénieur Bralle (François), né à Paris en 1750, connu parses travaux hydrauliques, auteur du premier plan d'un conservatoire des arts et métiers. Sa famille devait être d'origine allemande, d'après son nom, tel que l'orthographie Reichardt, et d’après les relations qu'il lui attribue. Bralle était chef du service des eaux de la ville de Paris.

(2) Sans doute la gravure dessinée par Bourdon, gravée à l’eauforte par Queverdas, terminée par Pigeot.

(3) Morel a fait cette gravure, sous la direction de David, d’après un tableau exposé au Salon de 1785, lequel était la réduction, signée par David, de la même composition, avec figures de grandeur naturelle, exposée en 1781.

(4) Sans doute la gravure par Godefroy, né à Londres, élève de J.-P. Simon.