Un hiver à Paris sous le Consulat (1802-1803) d'après les lettres de J.-F. Reichardt

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taient à la fois la grâce et la faiblesse, est très heureusement rendue.

Des réflexions mélancoliques auxquelles je ne m'attendais pas à me livrer, dans le riant atelier de l’aimable artiste, m'ont été suggérées par la vue de deux portraits inachevés, placés l’un près de l’autre : celui de Mme du Barry et celui de l’infortunée reine de France (1). Que de pensées ne provoque pas un pareil rapprochement, assez étrange, me semble-t-il, chez Mme Lebrun!

Je mentionnerai enfin une grande toile visant à l'effet : Amphion entouré de naïades. C’est, m’a-t-on dit, le portrait d’un personnage princier (2).

Mme Lebrun a repris possession de son ancien logis (3). Elle l’a disposé avec infiniment de goût et réunit de nouveau un cercle choisi d'artistes et d'étrangers.

noyé dans l'Elster en 1813. Mme V. Lebrun a peint deux portraits de l’ex-Roi, l’un en costume Henri IV, l’autre en manteau de velours. C’est le dernier qu’elle avait gardé. (Souvenirs, t. III.)

(4) Mme Lebrun a peint deux portraits de Mme du Barry. Le second en date, « l’inachevé », commencé à Louveciennes et interrompu par les événements de 89, était tombé entre les mains du comte de Narbonne, qui l'avait remis à son auteur, lorsqu'elle était rentrée en France, en 1801. Ce portrait a été achevé plus tard. Quant au portrait de Marie-Antoinette, les indications de Reichardt semblent trop vagues pour permettre de l'identifier sûrement parmi les portraits de la Reine dus au pinceau de l'artiste. (Souvenirs de Mme Lebrun, t. I.)

(2) Le prince Henri Lubomirsky, peint à Vienne. (Souvenirs, t. IL.)

(3) Ancienne rue du Gros-Chenet, section actuelle de la rue du Sentier comprise entre la rue de Cléry et la rue des Jeüneurs. Construite par M. Lebrun, cette maison (n° 8, rue du Sentier) communiquait à la rue de Cléry par un jardin contigu à la salle où se sont donnés, de 4794 à AS03, les concerts dits de la rue de Cléry (n® 19 et 21). La salle avait servi, pendant la Terreur, à célébrer discrètement la messe. Le prédécesseur de M. Lebrun dans la jouissance de l'immeuble total, bâtiments et jardin, avait été un abbé Poquelin, tenant à la famille de Molière. Plus tard, Mme Lebrun a habité rue Ville-l'Évêque. (Souvenirs de Mme V. Lebrun, t. III. — LxFEUVE, Anciennes rues.)