Un hiver à Paris sous le Consulat (1802-1803) d'après les lettres de J.-F. Reichardt

XIII

47 décembre 1802.

Ce matin, pendant mon heure de méditation accoutumée dans la Galerie des Antiques, j'ai été frappé par un trait de ressemblance entre la tête d’une statue colossale d’Auguste et le visage de Bonaparte : de part et d’autre, un même sourire fin et sardonique. J’ai trouvé ce sourire sur les lèvres du Premier Consul, lors de ma dernière audience à Saint-Cloud; il a dû exister de même sur celles d'Auguste. Car le sculpteur romain n’a certainement pas inventé une particularité aussi caractéristique : il a reproduit fidèlement, la chose me semble hors de doute, la physionomie impériale. La statue, vous le savez, a été exhumée à Velletri, lieu de naissance d’Auguste ; on la considère comme une œuvre originale. Pour les autres traits, la tête antique ne ressemble pas à celle du moderne Auguste, sans que l’on puisse dire cependant qu'il existe un contraste absolu entre les deux visages. Quant au costume, si jamais le Consul vient à examiner les draperies magistrales de la toge de l’Imperator, il trouverait singulièrement étriqué et disgracieux son habit de cérémonie, qui n’est qu'un remaniement maladroit du costume de la vieille Cour.

C’est, du reste, une idée bizarre du gouvernement