Un hiver à Paris sous le Consulat (1802-1803) d'après les lettres de J.-F. Reichardt

XVII

1 janvier 1803.

Bonjour et bon an!

Les oreilles me tintent du bruit des réjouissances de la nouvelle année, qui sont ici ce que sont chez nous les fêtes de Noël.

Dès la veille, confiseurs, pâtissiers, magasins de luxe, s'étaient mis en frais: devant leurs vitrines s’attroupaient les oisifs au gousset bien garni et la masse des pauvres diables qui n’ont d'autre plaisir que celui des yeux.

A l’intérieur des habitations, on s’occupait des cadeaux à donner ou à recevoir, des enfants à régaler, des repas de famille à préparer; durant la nuit du 31 au 1*, les rues n’ont cessé d’être encombrées par une foule bruyante et joyeuse; la soirée du 1* a été plus spécialement consacrée aux grandes réunions intimes.

C'est dans la rue des Lombards et au Palais-Royal qu'il fallait admirer les exhibitions des confiseurs; elles ne m'ont semblé ni plus brillantes ni plus artistiques que celles de nos « conditoren », mais les dragées et les bonbons parisiens sont plus fins; quant aux boîtes, cornets, sacs, coffrets, dans lesquels on dissimule les friandises que l’on offre aux dames, ils sont aussi gracieux que variés. Je ne méprise pas les « douceurs »; j'en parle,

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