Un hiver à Paris sous le Consulat (1802-1803) d'après les lettres de J.-F. Reichardt

III

15 novembre.

Je sens la nécessité de régler l'emploi de mes journées, si je ne veux pas être entraîné par le tourbillon parisien et perdre un temps précieux. Ma tournée de visites d’arrivée est terminée, et je m'aperçois que je l'ai faite beaucoup trop vite. Ma liberté d’action, à laquelle je tiens essentiellement, se trouve gênée par les invitations qui m’arrivent. Je vais donc réserver mes matinées; cela me permettra de recevoir d’intéressantes visites, que je manquerais sans cela, et de m'occuper d’une foule de détails trop négligés en voyage. En second lieu, comme il est d'usage qu'une maîtresse de maison, qui vous à invité une première fois, attende que l’on se soit montré à l’une de ses réceptions avant de vous honorer d’une autre invitation, je ne reparaîtrai désormais que dans les maisons qui me plaisent.

C’est l'unique moyen de me dérober à l'avalanche de dîners, soupers, assemblées, qui me menace. Les grands diners priés, dont l'heure est entre six et sept, et que l'on multiplie beaucoup plus qu'avant la Révolution, ont pour moi de graves inconvénients. Avec des convives nombreux, les conversations deviennent rarement instructives, et la longueur de ces repas m'empêche d'assister à