Un hiver à Paris sous le Consulat (1802-1803) d'après les lettres de J.-F. Reichardt

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déjà sa mère auprès de ses jeunes frères et sœurs.

J'aurais moi-même une fille douée du plus grand talent, que je ne consentirais pas volontiers à la vouer au théâtre. Mon expérience de maître de chapelle m'a appris que les plus grandes artistes ne sont jamais contentes de leur sort. Sont-elles bonnes ménagères, les préoccupations absorbantes de la scène, si contraires à l'indépendance personnelle, suscitent mille empêchements pour jouir de la vie domestique. Sont-elles vaniteuses et coquettes, leur position, qui permet mieux qu'une autre de juger la faiblesse masculine, leur inspire des désirs ou des caprices qu’elles ne réussissent pas à satisfaire. Si le prince du sang est à leurs pieds, il faut qu’elles y amènent le monarque lui-même, tout en lui faisant sentir qu’elles se soucient peu de sa personne. Dégoût et satiété, voilà leur lot en fin de compte!