Un hiver à Paris sous le Consulat (1802-1803) d'après les lettres de J.-F. Reichardt

SOUS LE CONSULAT. 477

parte. Il vient de tenir sa promesse; je reçois son exemplaire à l'instant; vous pourrez contempler à loisir une image fidèle de « l'homme extraordinaire ».

Mon congé est à sa fin, mon passeport est signé, je pars ce soir par la diligence de Strasbourg. De bonnes âmes m’avaient presque effrayé, en énumérant les formalités à remplir avant la signature du passeport; heureusement, il y a longtemps que j'ai constaté qu'en France il ne faut pas prendre au pied de la lettre les prescriptions administratives. Je me suis borné à envoyer « au bureau des relations étrangères » mon passeport signé à Berlin par le Roi; deux ou trois jours après, on le rendait, contre payement de dix livres, à mon domestique. C’est avoir à bon marché l’autographe si caractéristique du ministre Talleyrand.

En m'éloignant de Paris, je n'emporte qu'un regret: j'aurais voulu écrire pour le théâtre Feydeau la partition de l’opéra-comique dont le vicomte de Ségur avait choisi le sujet dans les Mille et une Nuits. Sa maladie a été malencontreuse, le poème restera à l’état de projet.

FIN.