Un hiver à Paris sous le Consulat (1802-1803) d'après les lettres de J.-F. Reichardt, стр. 397

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idée de lucre. Je crois qu'il s’abuse : les traitements ecclésiastiques se payent encore fort irrégulièrement; on dit qu’il en sera autrement dans quelques mois, maïs en attendant il faut vivre, et la guerre prochaine avec lAngleterre pourra bien faire ajourner la régularisation annoncée. Le gouvernement paraît disposé à cacher à la nation limminence de cette guerre; ce que je parviens à lire de journaux anglais me fait juger que l'Angleterre est décidée à faire appel aux armes. Depuis plusieurs mois, tous les Anglais que je connais m’annonçaient la guerre, et je riais de leur pessimisme. Mais l'installation provisoire de leur ambassadeur, — installation qui suscite les plaintes de ses compatriotes, — prouve que lui-même n’a jamais compté faire long séjour à Paris. Il serait intéressant de lire in extenso les journaux anglais, afin de savoir exactement à quoi s’en tenir sur le procès intenté à Londres, le 21 février, contre Peltier, rédacteur du Courrier de Londres et de l'Ambigu, libelle dirigé personnellement contre le Premier Consul. Le procès a été suivi d’un verdict d’acquittement du jury.

Dix jours après le 21 février, c’est-à-dire à une date où l’on ne pouvait connaître à Paris que les premiers actes de la procédure anglaise, le Moniteur publiait la note suivante, que tous les journaux ont reproduite sans commentaire : « Un nommé Peltier a été condamné par les tribunaux de Londres, pour avoir imprimé de misérables libelles contre le Premier Consul. On ne conçoit pas trop pourquoi le ministère anglais a voulu donner tant d'éclat à tout ceci. Comme les journaux anglais ont publié que c'était sur la demande de la France, et que même l’ambassadeur de France était présent au jugement, nous sommes pleinement autorisés à démentir l’une et l'autre