Un mémoire inédit de Francis d'Ivernois sur la situation politique à Genève audébut de 1791 ....

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avec l’auteur sur les avantages innombrables de l'amo-

vibilité et je me bornerai à examiner les deux seules questions que j'ai entendu faire à ceux qui la repoussaient. On craignait d’abord qu'en changeant trop fréquemment les membres du Petit Conseil elle n'y détruisit ce qu'on appelle l'esprit des affaires, leur routine et une certaine marche qu'on représente comme nécessaire à un corps chargé d'une administration plus compliquée et plus épineuse, dit-on, qu’elle ne le parait. Nous sommes dispensés de combattre ici cette objection parce que, depuis qu'on a réussi à faire passer les pouvoirs les plus importants du Petit Conseil dans celui des Deux-Cents. c'est ce dernier corps qu'il doit être question de rendre amovible, et ce choix concourt avec les législations modernes qui établissent un corps inspecteur amovible et un sénat moins nombreux, mais à vie, destiné à conserver et à transmettre certaines maximes d'Etat et les fonctions du pouvoir exécutif pour lesquelles il faut une longue habitude.

La seconde objection se tirait de ce que l'incertitude attachée à l’amovibilité de places ajouterait encore à l’indifférence croissante que la classe des riches témoigne à Genève pour la carrière de la magistrature, indifférence qui deviendrait invincible si les jeunes gens qui s'y vouent encore, se voyaient exposés à être tout à coup arrêtés au milieu d’une carrière vers laquelle ils auraient cependant dirigé toutes leurs vues et toutes leurs... et qui n'offrant déjà à leurs yeux ni un très grand lustre, ni émoluments, ne leur offrirait même plus à l'avenir la stabilité qui jusqu'alors avait fait une espèce de compensation .