Un mémoire inédit de Francis d'Ivernois sur la situation politique à Genève audébut de 1791 ....

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S'il était possible de combiner l'amovibilité du Conseil des Deux-Cents de manière à ce que, loin d’écarter de la carrière des magistratures par la crainte d'en être éloigné, elle y ramenäât au contraire par l'obligation de les remplir pour échapper à l’amovibilité qui ne frapperait que ceux-là seuls qui n'auraient point exercé d'emplois, il en résulterait que le nombre de ceux qui postuleraient ceuxci serait considérablement augmenté par l'effet de cette même institution qui, au premier aspect, parraissait devoir le diminuer.

Je suppose donc que tout membre du Conseil des Deux-Cents qui, dans le terme de 10 ans, n'aurait géré aucune des places que confère le Conseil général, serait amovible au bout de ce terme et devrait rester deux ans avant d'être élu de nouveau.

Quelqu'étonnante que puisse paraître au premier coup d'œil une pareille institution on verra que, bien qu’elle doive avoir la plus grande influence sur l'imagination des citoyens, ses effets seront cependant presqu'imaginaires relativement à la mutation des membres du Grand Conseil. On verra que la partie amovible qui sortira chaque dixième année s'élèverait à environ 6 ou 7 membres et qu'en adoptant l'opinion extrême des personnes qui ne manqueront pas de craindre que plusieurs membres ne puissent pas rentrer, et en portant leur nombre à 3, ce qui ne ferait cependant que les /25 parties du corps, on voit combien il y aurait peu d'inconvénients à le soumettre à une amovibilité aussi douce.

Et cependant, quelque douce qu'elle fût, elle serait suffisante pour persuader au peuple qu'elle existe; elle serait assez bien réglée pour que chaque nouveau membre du Grand Conseil entrevit la possibilité de ne pas en