Un témoin de la Révolution française : Journal de Benjamin Cuendet de Sainte-Croix (Suisse), officier de la garde nationale à Lyon, 1769-1815 : ouvrage orné de deux portraits et de planches en fac-simile

CICR

remis à Mr. Huguenin {pour sa pension) 108 livres. Le 7 juin 1781 il (le petit) est arrivé ; il a 4 pieds.

Le mardi 31 août 1779, ma femme a accouché d’un fils, baptisé le 1 septembre par Mr. Frossard, pasteur; il s'appelle Laurent Elisabeth ; son parrain est Mr. Laurent Blanc, de Genève, et sa marraine Mie Elisabeth Duron, de Genève.

1779. Dans le courant de 7” et octobre, nous avons remué à S' Côme?.

1780. janvier 25. Ma petite Claudine est morte, et le 26 enterrée à Brindas.

21 novembre 1780. Timothée Margot a passé à Lyon venant de Marseille du Régiment d’Arlac*, auquel j'ai remis 12 livres pour remettre à ma Mère.

1781. juin 7. Mon épouse avec le petit Cuendet sont arrivés de Suisse.

1782. Juillet >. Les troupes sont entrées à Genève, au nombre de 12000, à 4 heures du matin‘,

1783. Mars, 11, 12, 13, 14, 19, 16, 17. L'eau a été sur le quai de Saône à pouvoir y aller en bateau; et on y a été tout le temps.

1 Cet enfant était né le 18 mai 1772; ilavait donc sept ans lorsqu'il fut envoyé en pension en Suisse, et neuf ans à son retour. :

? Remuer, expression qui s’est conservée dans le canton de Vaud, et qui signifie déménager.

# Arlac : il faut lire Erlach, nom d'une famille bernoise, dont plusieurs membres, dès le règne de François [er, prirent du service en France et commandèrent des régiments ou des compagnies suisses.

En 1671, J.-J. d'Erlach, capitaine aux gardes, leva le premier régiment suisse de ligne, composé de 2.400 hommes, en douze compagnies, dont tous les soldats devaient être bourgeois ou sujets de Berne. Ce régiment ne devait jamais être employé contre une puissance protestante. Son drapeau étail flammé rouge, noir et blanc, avec une croix blanche traversante (voy. capit. de Vallières, Honneur et Patrie, p. 296).

Le régiment dont parle Cuendet est, sans doute, celui de Charles-Louis d’'Erlach, maréchal de camp, qui, en 1798, périt après la bataille de Fraubrunnen, égorgé par ses propres soldats qui l’accusaient de trahison.

# Le parti des réformes à Genève, appelé parti des représentants, s'était emparé du gouvernement de la petite république. Mais le parti conservateur, ou parti des négatifs, avait fait appel aux puissances étrangères, et une armée de troupes sardes, bernoises et françaises, celles-ci commandées par le marquis de Jaucourt, entra en effet dans Genève le 2 juillet pour rétablir la constitution aristocratique.