Une mission en Vendée, 1793

31% UNE MISSION EN VENDÉE, 1793.

Copie de la lettre du citoyen Perreauæ, caporal au 4° bataillon de la Charente-Inférieure, contingent de La Rochelle, en garnison à la Roche-sur-Yon,

Au bivouac de la Roche-sur-Yon, 25 pluviose, l'an 2me de la rép. fr. une et indivisible.

+

M0"

N'ayant d'autre satisfaction que de m’entretenir avec vous, je profite de mes instans pour vous donner de mes nouvelles, quoique cepandant dans ce moment ci je sois de garde et en plein air. Jamais je n’ai été plus fatigué de service: lé jour même que nous descendons la garde, nous sommes obligés de la remonter. Cela vient du défaut d'ordre que les généraux font régner dans leurs colonnes; ils les diminuent à leur gré. Pour nous, nous avons un pauvre chef; je crois qu’on ne Jui a pas rendu justice, car après avoir été dénoncé plusieurs fois, je ne sais pourquoi, on le laisse tranquille, toute l’armée se plaint de lui, c’est Dufour. L’autre jour il nous donna une fausse alerte, il nous écrivit des fables, que l’ennemi était à nos trousses. Voilà ses mots : « Sauvez-vous s'il en est encore temps. Tâchez de vous rendre à la Motte-Achard. » Ce que nous fimes. Nous partimes sur les minuit ayant la pluie sur le dos, et entrant dans la boue jusqu'aux genoux, épuisés de fatigue, et après huit heures de marche sans rien voir. Arrivés à notre destination, nous ne trouvâmes que les rüe pour nous recevoir, parce que tout a été brulé. Le lendemain, nous reçumes de nouveaux ordres pour retourner äsla Roche-sur-Yon, apprenant que 8 000 hommes de l’armée du Nord y étaient déjà rendus, ce qui en effet était vrai. Nous les vimes défilersur la route. Ils allaient à Palluan, ou est, dit-on, l’armée de Charette, mais malgré toutes leurs forces et leur nombre, cela n'empêche pas qu'ils n'aient été battus aux Essarts, il y a peu de jours. Il parait que cette armée brigandine est est encore très nombreuse, et que, pour la détruire, il faudrait que les généraux en répondissent sur leur tête.

Malheureusement dans les villes an s’äveugle, on s’avise de porter les lauriers, on publie que la guerre de Vendée