Une mission en Vendée, 1793

UNE MISSION EN VENDÉE, 1793. 315

u’est rien, que tout est terminé; mais qu'ils viennent, on leur er montrera encore plus qu’ils n’en pourront combattre. Tous les jours nous pouvons crier à la trahison. Il y a encore plusieurs bourgs qui viennent de tomber dans le pouvoir des brigands, ce qui ne fail que les enhardir. Là ils nous ont pris beaucoup de munitions parce que nos chefs ne savent pas fortifier les garnisons et donner des soldats en raison du nombre des brigands. En un mot, j'ignore quand je pourrai vivre tranquille. Voilà trois jours que nous n’avons eu ni pain ni viande. Ce que nous mangeons, nous le cherchons partout, ce qui est bien ennuyeux. Nous couchons en plein air, J'ai très grand froid toutes les nuits, d'autant plus que mon habit est tout déchiré, parce que l’autre jour nous fumes obligés de nous embusquer dans un buisson pour attendre l'ennemi, üne partie de mes hardes y restèrent,

Je suis toujours enrhumé, j'ai même de la fièvre. Donnezmoi, je vous prie, de vos nouvelles, voilà ma seule récréation lorsque j’en reçois. Je vous embrasse de tout mon cœur et suis avec respect,

Votre-soumis fils.

Signé : PERREAU.

L'autre jour ici nous remportämes, notre bataillon seul, une victoire complète sur les brigands. Notre commandant Reboul en tua trois pour sa part et prit deux chevaux. Nous venons de faire une adresse à Lequinio pour entrer en garnison. J'étais pret à fermer ma lettre lorsque des ordres nous sont venus pour aller chasser les brigands à Belleville, ce qui en a retardé l’envoi d’un jour. En effet rendus à lendroit désigné nous avons aperçu l’ennemi, et, la bayonnette au bout du fusil, nous les avons chassés et poursuivis; nous avons perdu neuf hommes et un capilaine de cavalerie. Notre bataillon était seul avec vingt cavaliers seulement. Les balles m'ont sifflé autour des oreilles, mais du fond de ma misère : vive la République, nous en viendront à bout! Babin se porte bien; il ne s’est pas trouvé à l’affaire.

Pour copie conforme :

Signé : BARBEDETTE.