Une mission en Vendée, 1793

UNE MISSION EN VENDÉE, 1793. 345.

suivre, elle aurait sa grâce : Non, dit-elle, on a égorgé ma mère, je suis déshonorée, je veux mourir. » On la fusilla.….

Le commandant de la garde nationale de Bonpère el sa municipalité vinrent à la Flocelière consulter Grignon. Il leur dit qu’il irait les voir, qu'il visiterait la garde nationale. Je l’accompagnai comme guide. 400 hommes furent sous les armes. Il voulut les faire fusiller. Il hésita plusieurs fois : le nombre l'intimida; il n'avait que 25 à 30 hussards et chasseurs. Les soldats se tenaient prêts à exécuter ce qu’ils appelaient le coup de temps, et je lui ai entendu dire dix fois depuis, qu'il avait ouvert plusieurs fois la bouche pour donner l’ordre et qu'il se repentait de ne l'avoir pas fait. Il ordonna le désarmement, et le lendemain on lui remit 200 fusils. Ce désarmement consterna ces braves gens qui avaient rendu des services essentiels.

Tous les hussards sont des désorganisateurs qui ont perdu l’armée. Ils ne savent que piller et massacrer. La colonne de Grignon a brûlé des blés, des fourrages, massacré des bestiaux et abandonné 1 500 charges de blé aux brigands après les avoir fait emmagasiner à la Flocelière, Gerizay et ailleurs, qu’il laissa sans défense.

On partit de la Flocelière, Grignon m’ordonna de suivre et de ne pas m’éloigner de lui. On incendia, on pilla, depuis la Flouguière jusques aux Herbiers dans l’espace d’une lieue. On suivait la colonne autant à la trace des cadavres qu’elle avait faits qu’à la lueur des feux qu’elle avait allumés. A la Marière, on égôrgea deux vieillards, mari et femme, dont le plus jeune avait au moins 80 ans. Le vieillard avait été mal tué; un soldat en entrant dans le lieu où il élait s’écria : « Voilà un vieux b.. qui se sauve! » et voulut l’achever d’un coup de fusil. Grignon dit : « Non, tu le manquerais; qu’on appelle un tel qui ne le fera pas souffrir, » C’est le seul trait d'humanité de Grignon. »

À Saint-Fulgent, on annonça l'ennemi. On passa la nuit sous les armes. Le lendemain on envoia 600 hommes l’attaquer à Chauché, tandis que 600 autres de la colonne de La Chesnaie devaient l’attaquer à midi d’un autre côté. Ceux de Saint-Fulgent arrivèrent à l’heure déterminée, attaquèrent et furent battus. On perdit 300 hommes sur le champ de bataille et 500 fusils. Grignon pendant la fusillade tint sa colonne en bataille et ce ne fut qu'après avoir appris la défaite