Une mission en Vendée, 1793
58 UNE MISSION EN VENDÉE, 1193.
à moi:elle me prie d’être le parrain d’un jeune enfant né dans la misère, mais dans une famille de sans-culottes dont le père est au nombre des soldats de la patrie. Je ne puis refuser. Les représentants du peuple vraiment dignes de la confiance populaire ne sont-ils pas les pères des pauvres? Je donne au républicain nouveau-né le nom de Marat-Montagne, pour consacrer dans le calendrier des hommes libres et la Montagne sainte conservatrice de la République et de la liberté et le membre le plus calomnié de cette Montagne qui périt martyr de son attachement à la cause du peuple. Au sortir du baptême civique, nous allons chez la mère de l'enfant, citoyenne malheureuse plongée dans la dernière indigence. Une chambre obscure, un lit à moitié renversé que couvraient des haillons, une femme en proie à la douleur, et incertaine, au moment où son enfant voit le jour, si son marine recoit pas la mort. Tel est le spectacle qui frappe nos yeux. Je lui remets son fils. Qu'il imite son père et soit digne du nom qu'il vient de recevoir! Instruisez-le aux vertus républicaines, il sera toujours assez riche. Je la console, je l'encourage. La cabane du pauvre est aussi le poste du représentant du peuple. Je sors après avoir porté quelques adoucissements dans la retraite de l’infortune. Le mot de patrie n’est plus inintelligible pour le peuple. Il croit s'enrichir en se dépouillant pour elle. Des dons patriotiques sont offerts: les uns déposent des sabres, des fusils, des pistolets, pour armer les braves soldats de la liberté. Les autres apportent à l’envi des couronnes, des fleurs de lys, des croix, des signes odieux du royalisme, de la féodalité, de la superstition et du fanatisme, conservés par ceux qui toujours espèrent le retour du régime détruit. — Une statue d’un saint