Une offrande Genevois à l'Assemblée nationale

UNE OFFRANDE GENEVOISE A L'ASSEMBLÉE NATIONALE 15

de Poix a répondu qu'il falloit consuller le Ministre des Finances, mais il ne fut pas écoulé. On a lu la lettre des (renevois, crioit-on

(Lettre à M. Necker, premier ministre des finances, par un de ses conciloyens proscril de Genève... se trouve chez Philippe Crepel.., au Grand Sacconer, pays de Gex): « Comment, s'est-on demandé à Genève et dans la Province que j'habite [le Grand Sacconex est situé à trois kilomètres environ du centre de Genève] comment le Conseil de Sa Majesté où siège M. Neker, a-t-il pu accorder la garantie d'une législation si disparate de celle que le même Conseil sanctionne en France ?

« Comment le Conseil de Sa Majesté a-t-il pu fronder si ouvertement les opinions générales de M. Necker, manifestées par ses écrits, sa conduite politique et ses opinions particulières sur Genève, bien connues avant 1782, et dès lors, par sou refus constant de concourir, par son serment, à sanctionner les lois dictées à sa Patrie par trois armées?

« Comment le Conseil de Sa Majesté, lorsque M. Neker peint avec tant d'énergie le désordre des Finances, les difficultés d'y remédier, accorde-t-il une garantie, dontle dernier exercice a coûté plus de huit millions à la France? » (p. 4).

Citons encore les accusations formulées par M. Lossié, ciloyen de Genève, dans sa Lellre sur le prét de 14,000 quintaux de bled, fait par la république de Genève à la France, el sur l'éloge qu'en a fait M. Necker. — Sa conduile à l'égard de celle république, et la garantie qu’il lui a fail accorder... Genève, juillet 1790 (Bibliothèque publique de Genève, Gf. 315, t. 176, pièce 38).

. « On s'étonne encore de ce qu'en rendant compte de ce trait, quil regarde comme honorable pour les magistrats genevois, M. Necker cherche à le rapprocher de la délibération de l'Assemblée nationale, par laquelle la contribution de 900 mille livres offerte lors de l'octroi de la garantie, a été si noblement rejetée. Lui qui, lors de cette offre, voulait prouver qu'elle n'avoit aucun rapport avec la garantie, soutenoit qu'elle n'étoit pas faite par les magistrats, mais par de simples particuliers, comment avance-t-il aujourd'hui que l’Assemblée nationale appercevra, par celle conduite de messieurs de Genève, qu ils s'obslinent à vouloir s'unir d'intérêt el d'affection aux circonstances pénibles de la France, et qu'ils ne se sont pas découragés par la délibération qui les a rejetées, lorsqu'avec tant d'empressement ils désiroient de s'associer à la contribution patriotique ?

…. « Je m’abstiens.. de développer les causes secrettes de ce dernier accord entre M. Necker etles aristocrates genevois, de vous montrer comment c'étoit là un pur calcul de finance, comment le refus du prétendu don patriotique des genevois a déjoué ce calcul... »

D'après E. Rivoire (Bibliographie historique de Genève au xvure siècle, €.T, n° 3122) « il n’est pas à présumer que l’auteur de ce libelle soit un Lossier de Genève ». « Grenus, dans son Premier cri des palrioles genevois, accuse Durouveray d'en être l'auteur ».

Dumont a bien promis des révélations à ce sujet (0. c., p. 252), parlé d'une correspondance qu'il a eue avec Necker; il ne les a pas publiées,