Une offrande Genevois à l'Assemblée nationale

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de toutes parts, elle nous suffit. Le Comle de Toulongeon a commencé par dire que l'intérêt des genevois dans les affaires de France expliquoit, sans motif politique, la part qu'ils prennent à la contribution patriotique : il est convenu que si le don avoil quelque rapport avec la Garantie, il fallait le rejetter et a conclu en proposant que l'on demandât aux donateurs Genevois de s'expliquer eux-mêmes sur ce sujet. Cela est inutile a répondu M. de Mirabeau (1) qui est monté à la Tribune et qui a parlé fort longtems et avec beaucoup de succès, quoiqu'à mon avis d'une manière moins brillante qu'à son ordinaire; il a examiné d'abord : 1° qu’elle (sic) étoit la nature du don, ce n'étoit pas le quart patriotique, c’éloit (à ce qu'ils affirment) une offrande de générosité, uue offrande philanthropique ; 2° quels éloient les donateurs, tous les membres du Comité sont des membres du gouvernement, de ce Conseil des 200 qui s’est arrogé tous les pouvoirs et il en fit le tableau — lous attachés au parti aristocratique excepté ceux qui ont des principes populaires et la confiance des ciloyens, mais ils ont pu ignorer eux-mêmes dans la pureté de leurs intentions, les desseins secrets, les vues éloignées des Aristocrales; 3° dans qu'elle circonstance ce don étoit-il offert; pour le tems il coïncidoit avec la Garantie; pour l’état de Genève, il étoit fait dans une situation de détresse et de calamité ; il s’est livré ici à quelques mouvemens oratoires fort applaudis, peinture fort intéressante de la République, du caractère de ses habitans, de leur amour pour la Patrie, el c'est, disoit-il, quand les riches Genevois voyent

M. Barde (0. c., p. 211) « est convaincu » que le don n'était pas « le prix convenu entre le ministre Necker et le gouvernement pour l'octroi de la garantie ». Il convient cependant que « les apparences viennent à l'appui de cette version » et il affirme (p. 210) que c'est « sur l'invitation de Necker » « qui usait volontiers de ces petits moyens pour rétablir ses finances compromises (p. 211) » — « qu'un comité se constitua dans l'aristocratie gencvoise en vue d'offrir un don patriotique au roi de France et à l'Assemblée nationale ».

Peut-être l'étude approfondie des souscripteurs genevois donnerait-elle le dernier mot de l'affaire. Toujours est-il que parmi les principaux souscripteurs — quoique non parmi les signataires de la lettre d'envoi — figure M. de Germani, avec la somme de 25,000 livres; or de Germani s'appelait de son véritable nom Necker (de Germani) et était le frère ainé du ministre des finances.

(1) Voir Annexe IT, p. 30,