Une offrande Genevois à l'Assemblée nationale

UNE OFFRANDE GENEVOISE A L'ASSEMBLÉE NATIONALE 17

autour d'eux la pauvreté qu'ils envoyent leur générosité au dehors, ils nous offrent un présent magnifique dans le cadre de la misère, elc, non, leurs vues secrettes se décèlent d'elles-mêmes, ils ont voulu obtenir de nous des arrhes pour leur Garantie. Nous n’en sommes point encore à examiner les relations du pouvoir exéculif, mais cerlainement nous n'applaudirons point à des garanties qui détruisent la liberté des Peuples, ete, ete. Je ne vous donne que la trame de ces discours, vous les trouverez dans le Courier de Provence (1) si vous êtes curieux des détails. L'Abbé Maury a paru ensuite à la Tribune, il a écarté d’abord les questions politiques sous celte forme Je n'examinerai pas, ete. Il ÿ a ceci de remarquable, c'est qu'il a dit, je n'examinerai pas s'il est vraisemblable que le Ministre quia soutenu en France le parti populaire, soutienne dans sa propre Patrie un gouvernement aristocratique. Je n’examinerai pas si ce don peut avoir quelque relalion cachée avec un gouvernement qu'il. ne seroil ni de notre honneur, ni de notre intérêt, ni de notre équité de soutenir. Celle phrase-là nous a beaucoup surpris parce que le dit Abbé est fort lié avec M. Hennin, mais il est probable qu'il se déclare ennemi de l’Aristocralie genevoise pour se faire pardonner son inclination pour l’Arislocralie française. Il a avancé diverses propositions contre la contribution patriotique qui l'ont fait rappeller à l’ordre; d’autres sur la convenance et le droit de faire des retenues sur loules les rentes qui lui ont attiré des signes d'improbation très violens — enfin, il est venu au don genevois el a parlé d'une manière très brillante, très oraloire, très noble sur le peu de dignité qu'il y auroit à recevoir un bienfait aumônier ; sur la puissance de la France qui se suffisoit à elle-même. La France à été l'asyle des Rois; la France a protégé les Peuples, el si elle est sous le nuage de la calamité c’est alors qu'il est permis de se souvenir de sa gloire, ete. Il a été applaudi à plusieurs reprises, el de tous les coins de la salle on a demandé aux voir, aux voix, quoique MM. Barnave et Petion de Villeneuve, tous deux des notres, insislassent pour avoir la parole, ils n'ont pu l'obtenir el nos aristocrates y ont perdu quelques traits vigoureux, car tous deux ont de la chaleur et de l'énergie. L'épreuve s’est faite et il a été décidé à L’'UNANIMITÉ ABSOLUE que le don seroit refusé sans expliquer aucun molif. L'Assemblée s’est applaudie à elle-même, les

(1) Courrier de Provence, du 28-29 décembre 1189,