Une séance au Parlament anglais en 1791 : discourt prononcé à la rentrée de la Conférence des Avocats le 22 décembre 1879

— 10 excellence, deux fois mêlée au peuple, et par les emprunts qu'elle lui fait, et par ses enfants qu’elle lui rend, l'aristocratie avance avec lui. Jalouse de rester à la tête, elle ne répugne à aucun progrès, pourvu qu'elle le dirige (1).

Les discussions sur les affaires publiques, ne seront, croyez-vous, que pure comédie, entre gens pensant de même? Détrompez-vous. Sans doute, nul n'attaquant la constitution, nul ne la défendra. Mais, au-dessus de l'aristocratie elle-même, sont les postes enviés de chancelier, de secrétaires d'État et tous ceux qui en dépendent. Le but à atteindre sera celui-là, et, comme l'ambition n’est pas une fiction, ies débats deviendront sérieux. Les penchants naturels aidant, on maintiendra deux nuances d’opinion distinctes; ce qui permettra à l’une de combattre l’autre. On sera « whig » ou on sera « tory »; parfois, successivement, suivant qu'on ambitionnera le pouvoir ou qu’on s’y trouvera.

(x) « J'aperçois toujours quelque aristocrate au premier rang « des auteurs ou des auxiliaires de tout mouvement utile ou sim« plement nouveau.

« Gette vieille aristocratie sait non-seulement céder à propos, « mais encore prendre l’initiative des mesures les plus graves et les « plus fécondes.

« Ils changent quelquefois d'opinion ou de drapeau; maisilya « toujours quelqu'un de leur bord ou de leur ordre pour les rem« placer au besoin.

« Tel est l’art de gouverner. »

(MoNTALEMsERT : de l'Avenir politique de l'Angleterre.)