Variétés révolutionnaires

194 . VARIÉTÉS RÉVOLUTIONNAIRES

La Saint-Huberty, petite, laide, rousse, transfigurée seulement à la scène, comme on le voit dans le beau portrait de Reynolds, par son intelligence et par sa connaissance approfondie du théâtre et des accessoires, se mit à travailler avec passion, logeant d'abord en garni, ensuite dans un modeste appartement de la rue de l’Arbre-$Sec, où, le 31 août 1778, son mari escorté de quelques coupejarrets de sa familiarité, vint la dépouiller de ses vêtements et de sa bourse. Peu après, Croisilles ayant eu l’imprudence de mettre opposition sur les appointements de sa femme, celle-ci fit introduire par sa mère devenue veuve une instance en nullité de mariage. Les protecteurs de la diva, en particu-" lier le ministre Amelot, son amant, s’il faut en croire la Chronique scandaleuse des théâtres, généralement bien informée, intervinrent, et, le 30 janvier 1781, sur les conclusions de Joly de Fleury, la nullité fut prononcée. On ignore ce que devint Croisilles ; cet intéressant personnage disparut sans laisser de traces.

Cependant la Saint-Huberty, toute à ses études, était peu utilisée à l'Opéra ; elle ne put se faire remarquer que dans des rôles secondaires, comme 1’ « Amour » d'Orphée, et dans le Devin du village, de Rousseau. En novembre 1780, Dauvergne arrivant à la direction lui confia le rôle d « Angélique » dans le Roland de Piccini; la protégée de Glück passait à l'ennemi. Le Mercure de France loua cette création, faisant seulement une réserve pour les