Variétés révolutionnaires

LA ST-HUBERTY ET LE COMTE D'ANTRAIGUES 195

gestes excessifs et pour la prononciation défectueuse de l'actrice, « vice commun, dit ce journal, aux cantatrices étrangères ou élevées à l'étranger ». L’année suivante, elle gagnait du terrain et conquérait la faveur du public dans Iphigénie en Tauride et dans Ariane à Naxos. Mais sa mauvaise tête commençait à rendre la vie dure à Dauvergne et à M. de la Ferté, l'intendant des menus. La Saint-Huberty refusait désormais de se fatiguer, ne voulait pas jouer deux soirs de suite et menaçait de sa démission. Les archives de l'Opéra contiennent un ordre du rai, du 6 avril 1782, la mettant en demeure de faire son service « à peine de punition ». Le célèbre Quidor, agent du lieutenant de police, délégué aux relations avec les pensionnaires de l'Opéra ou de la Comédie, et qui avait imaginé de porter en compte aux artistes en rupture d'engagement les frais de poste faits à courir après eux, dut aller parlementer quatre heures avec elle et lui placer sous les yeux une lettre de cachet. Cet argument sans réplique fit capituler l’irascible Ariane.

Elle devenait chaque jour plus indispensable, car les chefs d'emploi comme la Laguerre, la Duplant, la Levasseur, disparaissaient successivement. La Saint-Huberty, profitant de ses avantages, obtint 8,000 livres de.traitement sans les feux, plus une pension de 1,500 livres et un congé annuel de deux mois. Louis XVI lui-même s’occupa de la négociation. Ce chiffre de 8,000 livres dont ne se contenterait pas aujourd'hui un troisième rôle excita des