Variétés révolutionnaires

LA ST-HUBERTY ET LE COMTE D'ANTRAIGUES 199

de son compatriote Montgolfier, l'inventeur des aérostats. C'est à la fin de 1783 que d'Antraigues, âgé de trente ans environ, fit dans les coulisses de l'Opéra la connaissance de la Saint-Huberty , qui entrait dans sa vingt-neuvième année. Il ne paraît pas être devenu son amant dès ces premières rencontres. M. Edmond de Goncourt a retrouvé une correspondance intéressante et bien dans le goût sentimental du jour échangée entre les deux amoureux, que les exigences de la vie séparaient souvent. D'Antraigues visitait plusieurs fois par anses terres du Vivarais, et de « son désert » de la Bastide il adressait à la Saint-Huberty, pour tromper son ennui, les plus galantes lettres du monde. Les longues réponses de l'actrice sont pleines de renseignements sur les exploits de Montgolfier, de Blanchard et de Pilâtre du Rosier dont Paris s'engouait de plus en plus. La diva s'occupe aussi beaucoup de politique en ces lettres fort spirituelles ettrès méchantes pour ses camarades de théâtre ; elle assure à chaque ligne d'Antraigues de son amour, se faisant une fête de le recevoir dans la petite maison d'Auteuil, et que venait de lui donner un amant sérieux quoique de passage, le comte de Turconi.

Pendant ce temps, l'amant de cœur commençait à se faire un nom dans le monde des lettres en soutenant les thèses philosophiques que la Révolution allait transformer en réalités. D'Antraigues publia en 1788 un livre dont le retentissement fut