Variétés révolutionnaires

LA ST-HUBERTY ET LE GOMTE D'ANTRAIGUES 201

Villeneuve-de-Berg. Dès la convocation des états généraux, le brillant aventurier fut-il acheté par la cour? En tout cas, il rompit ouvertement avec les théories libérales et, se jetant dans la réaction, il se consacra à la défense des droits politiques de cette noblesse contre laquelle, dans son Mémoire de 1788, il prononçait un si virulent réquisitoire. Il combattit avec Cazalès la réunion des trois ordres et prit souvent à l’Assemblée la parole en faveur de sa caste. Cette conversion subite excita une surprise bien naturelle, et dans une brochure intitulée Un plébéien au comte d'Antraigues sur son apostasie (juin 1789), un anonyme s'emparant du fameux Mémoire l'épluche ligne par ligne et met l’orateur de la noblesse en perpétuelle contradiction avec lui-même. « Il y a quinze mois, dit le « Plébéien », M. d'Antraigues était un républicain ardent qui prèchait la destruction de la monarchie : aujourd’hui, c'est un énergumène aristocrate qui ameute contre le Tiers dont il sort, qui exalte la noblesse, sans doute pour expier la nouveauté de la sienne. » Mais le plus rude coup fut porté à l'amant de la Saint-Huberty, par Mirabeau, dans une Lettre impitoyable. Tout en se moquant des « principes variés » du pamphlétaire relaps et en raillant cruellement celui qui, après avoir traité la noblesse d’« assemblage d'hommes affreux », lui sacrifiait le tiers-état, Mirabeau reprochait à l'orateur royaliste d'ignorer jusqu'à l'orthographe et l'accusait d'avoir acheté son Mémoire tout fait au