Variétés révolutionnaires

202 VARIÉTÉS RÉVOLUTIONNAIRES

professeur Malaz, du Puy. Il provoquait les éclats de rire du public en parlant de « l'arbre tronqué de Sa généalogie », disant : « Il se trouverait peut-être que vous n'avez aucun titre pour paraitre à l’Assemblée, pas même des titres de noblesse » ; et pour appuyer encore plus sur le point douloureux, Mirabeau ajoutait : « Vous vous trouvez noble, au grand étonnement de votre père qui ne s'était jamais cru de la maison d’Antraigues dont vous vous prétendez un rejeton. » Mirabeau conseillait ironiquement à l'avocat de la noblesse de se vendre aussi à la cour et au clergé, « car que ne peut-on pas avec un honneur aussi souple et aussi flexible! »

La Leltre de Mirabeau acheva d'Antraigues, dont le caractère médiocrement loyal n’inspirait de confiance à personne, pas même à ses amis politiques. Aussi le député du Vivarais émigra-t-il au commencement de 1790. Il se rendit d'abord en Suisse, près de Lausanne où la Saint-Huberty, quittant l'Opéra, vint le rejoindre en avril. Après un renouveau de lune de miel, les amants passèrent en Italie, au château de San-Pietro, près de Côme, et s'y marièrent secrètement le 29 décembre 1790. Un fils naquit de cette union, dans les environs de Milan, enjuin 1792. Mais l'ancien constituant, blasé sur le parfait amour, ne demeurait pas inactif ; il continua à publier des brochures royalistes et obtint du marquis de Las-Cazes, ambassadeur d'Espagne à Venise, des lettres de recommandation auprès du comte de Provence alors à Vérone.