Variétés révolutionnaires

LA ST-HUBERTY ET LE COMTE D'ANTRAIGUES 203 D'’Antraigues s'imposa bientôt par ses intrigues et ses obsessions à la petite cour du prétendant, bâclant des manifestes, entretenant avec toutes les cours d'Europe des correspondances volumineuses, et apportant à chaque minute des documents inédits, des communications secrètes chèrement payées, fatras inutile où son imagination féconde entrait pour la plus grosse part. Le « beau conjuré » se rendait bientôt à Venise, fuyant devant l'armée française victorieuse. Ses exagérations et son zèle encombrant commençaient à donner des soupçons aux familiers de Louis XVIII, qui doutaient à bon droit de ses convictions si bruyantes, et même de sa probité. D’Antraigues n'écrivait-il pas sans rire : « Lorsque nous rentrerons en France il faut que quatre cent mille têtes tombent sous la hache. Point de grâce pour ceux qui ont pris part à la Révolution. Il ne faut conserver d'elle que la guillotine. Je serai, s'il le faut, le Marat de la royauté. » Mais les troupes françaises occupaient Venise le 16 mai 1797. D'Antraigues s'effuit avec un faux passeport dans la voiture du ministre de Russie, enmmenant sa femme et son fils. À Trieste, les fugitifs étaient arrêtés, et Bernadotte mettait la main sur l'ex-constituant. Une escorte de É gons conduisit les prisonniers à Milan. D’Antraigues jeté en prison, on s'empara de ses papiers, où se trouvaient des documents compromettants pour les émigrés et les royalistes de l’intérieur, en particulier un plan de coalition entre Berlin, Vienne et