Variétés révolutionnaires

LA DUCHESSE DE TOURZEL 225

comprend le récit de ce que l’auteur a été à même de voir de près. C'est de beaucoup celle qui a le plus de valeur. L'autre est consacrée à des faits que Mme de Tourzel n'a pu connaître que très indirectement, de seconde main, par les journaux ou les brochures du temps, ou même de troisième main, par les mémoires ou les précis publiés après coup. C'est ainsi qu'on remarque une foule de détails circonstanciés sur des événements survenus : en province, comme l'insurrection de Marseille, l'affaire des Suisses de Châteauvieux à Nancy, ou même aux colonies, comme les troubles de SaintDomingue et de la Martinique, détails évidemment fournis de toute pièce à l'auteur, sans possibilité de contrôle. De même pour certaines scènes de la révolution auxquelles Mme de Tourzel n'a pas assisté ; la Fédération de 1790, par exemple, et son long défilé dans la boue, sous les parapluies, sont décrits avec une précision singulière par un témoin oculaire, en un style qui n’a rien de féminin. En outre, la part considérable consacrée aux débats parlementaires, notamment à la séance du 31 août 1790, où Malouet dénonça Camille Desmoulins à propos de soïr‘inimitable et irrespectueux article sur la Fédération, « le triomphe de Paul-Emile » (1) indique, à ne s'y point méprendre, de fréquents emprunts à la presse royaliste. Enfin, il suffit de lire certains comptes rendus des troubles de pro-

(1) Révolution en France et en Brabant, n° 35. 13*