Variétés révolutionnaires

252 VARIÉTÉS RÉVOLUTIONNAIRES

Mais on ne faisait pas seulement des suites au chef-d'œuvre de Rouget de Lisle. L'air dit « des Marseillais » servait à mettre en musique une foule de chansons diverses, moins recommandables par l'inspiration du lyrisme que par la pureté des intentions. Ainsi, Michel, l'imprimeur de la rue du Chat, à Louvain, donnait sur l'air à la mode le Chorus des Français et des Belges, chanté à l’arrivée du général Dumouriez aux Pays-Bas (octobre 1792) :

Voici le jour de l’allégresse;

Nous voyons notre défenseur.

C'est sa valeureuse sagesse

Qui va finir notre bonheur (bis). Offrons notre sincère hommage,

Et que le eri de notre cœur

Soit pour lui le signal flatteur

Des nouveaux biens qu'il nous présage.

C’est du phœbus patriotique, et du pire. Le citoyen Huguenin, commissaire extraordinaire du ministre de la guerre près l'armée de Belgique, exprésident de la commune de Paris, compose à la même époque et publie chez le même imprimeur, à l'occasion d’une fête patriotique, cinq couplets dont il suffit de citer le premier :

Respire enfin, Ô ma patrie,

Tes succès ne sont plus douteux :

Des tyrans la horde avilie

A courbé son front orgucilleux (bis). Des Césars l'aigle tro p altière

Ne plane plus sur nos cités,

Et ces Germains si redoutés

Sous nos coups mordent la poussière.

Braves républicains, au bruit de nos clairons, Chantez, leur sang impur arrose nos sillons!