Variétés révolutionnaires

LE GÉNÉRAL BONAPARTE 269

épousé depuis deux ans une femme célèbre par sa beauté, Lectitia Ramolino, héritière présomptive de la famille Odone, dont la succession impatiemment attendue, fut captée par les jésuites. De là la haine irréconciliable que Charles Bonaparte voua jusqu'au tombeau aux disciples de Loyola et qu'il transmit à ses enfants.

On n’est pas d'accord sur la date exacte de la naissance de son fils Napoléon. Les biographes officiels le font naître à Ajaccio, un an après Joseph, le 15 août 1769. Il est plus probable qu'il naquit à Corte, le 7 janvier 1768, et qu'il fut le premier enfant de Charles et de Loœtitia. Cinq documents publics établissent cette date, tandis qu'un seul indique le 15 août 1769, Et Napoléon lui-même, dans une lettre à Paoli dont nous aurons l'occasion de parler, semble contester la date généralement admise en disant : « Je naquis quand la patrie périssait ; trente mille Français vomis sur nos côtes, noyant le trône de la liberté dans des flots de sang, tel fut le spectacle odieux qui vint le premier frapper mes regards. » S'il était né le 15 août 1769, plusieurs mois après la pacification de l'île, Bonaparte n'aurait pu entendre les cris des combattants. Né le 7 janvier 1768, au contraire, il pouvait parfaitement employer cette image. Il est donc très vraisemblable que l'histoire a rajeuni Napoléon de quinze mois ; elle lui a enlevé son droit d'ainesse. Et voici l'explication vraisemblable de cette supercherie : les écoles militaires, sous la monarchie, ne recevaient des