Variétés révolutionnaires

270 VARIÉTÉS RÉVOLUTIONNAIRES

élèves qu'au-dessous de l'âge de dix ans ; quand, en 1779, Charles Bonaparte obtint, comme nous le verrons tout à l'heure, une bourse à Brienne pour un de ses fils, cette bourse ne pouvait revenir qu'à celui de ses enfants qui était né en 1769. Or, Joseph, né probablement à cette date, n'avait, à la différence de Napoléon aucune disposition pour la carrière des armes ; leur père n'eut qu'à opérer la substitution de leurs états civils et à changer les prénoms de l'acte de naissance de 1769. Ce faux n'était pas de nature à troubler la conscience un peu élastique de Charles Bonaparte.

L'avocat sans causes se déclara fervent partisan de la domination française ; il devint bientôt le client obséquieux et le protégé du gouverneur M. de Marbeuf. Solliciteur perpétuel, quémandeur obstiné, pressé par le besoin, ayant peine à nourrir sa nombreuse famille qui augmentait chaque année, il ne sé préoccupait guère de ses enfants, si ce n'est pour leur donner du pain. Aussi l'éducation première de Napoléon fut-elle absolument nulle. C’est luimême qui l’avoue. En juin 1777, sur la proposition du gouverneur, qui le savait dépourvu d'initiative, ambitieux et servile, Charles Bonaparte fut nommé député de la noblesse de Corse à l'assemblée chargée par Necker de la répartition des impôts. C'était un grand honneur qui ouvrait une voie nouvelle à l'ambition toujours en éveil de Charles Bonaparte. Pour comble de faveur, M. de Marbeuflui fit obtenir, l'année suivante, une bourse à l’école de Brienne