Variétés révolutionnaires

LE GÉNÉRAL BONAPARTE 271

pour un de ses fils. Nous savons par quel subterfuge cette bourse fut attribuée à Napoléon, A la fin de 1778, Charles passa en France avec son fils et il le laissa trois mois au collège d'Autun pour apprendre à lire et à écrire le français.

Le 23 avril 1779, le futur empereur entrait à l’école de Brienne, récemment fondée par le comte de Saint-Germain, ministre de la guerre, pour les jeunes gens nobles ; les professeurs appartenaient à l'ordre des Minimes. La légende s’est emparée de ce séjour à Brienne pour le poétiser. Bonaparte se montra laborieux, mais triste, sauvage ; il était sans argent, Sans amis, humilié chaque jour par la fréGuentation de jeunes cadets de famille plus fortunés que lui. Le 5 avril 1781, il écrivait à son père une lettre singulière pour un enfant de douze ans, dans laquelle il lui demandait de le faire sortir et de lui donner un « état mécanique », s'il ne pouvait lui envoyer de l'argent. « Je suis las, disait-il, d'afficher l'indigence et de voir sourire d’insolents écoliers qui n'ont que leur fortune au-dessus de moi, Car il n'en est pas un qui ne soit à cent piques au-dessous des nobles sentiments qui m'animent.… Eh quoi ! monsieur, votre fils serait continuellement le plastron de quelques paltoquets quiinsultent en souriant aux privations que j'éprouve !. . » Tout l'homme est là, dans ce billet d’un collégien, avec ses sentiments d'envie, son tempérament bilieux et son indomptable orgueil. En octobre 1783, mis aux arrôts pour une dispute avec un camarade, il donne une nouvelle