Variétés révolutionnaires

274 VARIÉTÉS RÉVOLUTIONNAIRES

Corse pour cette France généreuse qui l'a accueilli, secouru, élevé, se manifeste dans une phrase sauvage : « Si je n'avais qu'un homme à détruire pour délivrer mes compatriotes, je partirais au moment même ; j'enfoncerais dans le sein du nee le glaive vengeur. »

Après un congé fort peu régulier de quinze mois passés à intriguer en Corse, Bonaparte rejoint son régiment à Auxonne (mai 1788). Toujours pauvre et de plus en plus bilieux, il se met à travailler dans sa chambre, à dévorer des livres sans ordre ni méthode, et à rouler dans sa tête échauffée les thèses politiques, sociales, économiques, les plus étranges, tout en faisant assez mal son service d'officier, puisqu'il est mis aux arrêts pour défaut de surveillance des travaux du polygone. Il n'en continue pas moins à fatiguer les ministres et les intendants de ses sollicitations perpétuelles en faveur de ses frères, de sa mère, de lui-même. M. lung a retrouvé plusieurs de ses pétitions, les unes humbles à l'excès, les autres fières jusqu'à l'inconvenance.

En juin 1789, voyant un avantage à gagner la protection de Paoli, dont la famille Bonaparte avait si lâchement abandonné la cause au moment de la conquête définitive de la Corse, Napoléon écrit au célèbre patriote une longue lettre (dont nous avons cité une phrase à propos de son état civil) dans laquelle il flétrit en termes odieux la conduite des Français qui lui ont donné une patrie, et de cette