Variétés révolutionnaires

LE GÉNÉRAL BONAPARTE 273

mait Bonaparte lieutenant en second à la compagnie des bombardiers du régiment de La Fère.

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I serait trop long de le suivre pas à pas dans ses différentes garnisons, de Valence à Lyon età Douai, d'Auxonne à Paris et à Nice. Nous nous contenterons de signaler en passant les traits caractéristiques qui permettent de juger le futur empereur. A Valence, Bonaparte vit à l'écart de ses camarades, préférant, comme ille fera toujours, la société civile à celle du corps aristocratique des officiers dont le contact l'humilie. Il commence à lire Rousseau et à Composer son Histoire de la Corse, dont il envoie à l'abbé Raynal le premier chapitre, écrit dans le français spécial et avec l’orthographe extraordinaire que nous font connaître les manuscrits du ministère . de la guerre. Raynal, comme bien on le pense, trouva ces élucubrations tout à fait extravagantes.

La mort de M. de Marbeuf, le protecteur de sa famille, aigrit encore davantage l'esprit du jeune oficier. À Douai, atteint d’un accès de mélancolie à la Werther, il pense au suicide. « La vie m'est à charge, écrit-il, parce que je ne goûte aucun plaisir et que tout est peine pour moi. Elle m'est à charge parce que les hommes avec qui je vis ont des mœurs aussi éloignées des miennes que la clarté de la lune diffère de celle du soleil. » — Et la haine du