Variétés révolutionnaires

278 VARIÉTÉS RÉVOLUTIONNAIRES

Corse étaient connues dans les bureaux ; on voulut bien lui épargner la cour martiale, mais on le laissa sur le pavé. Après le 10 août, le nouveau ministre de la guerre Servan le nomma capitaine dans son ancien régiment (30 août 1793) en antidatant le brevet du 6 février. Bonaparte recevait donc une récompense au lieu d'une punition bien méritée. Immédiatement, sous prétexte de ramener auprès de Sa mère sa sœur Elisa,élève de la maison de SaintCyr licenciée depuis peu, il demanda un nouveau congé, l'obtint, et arriva le 17 septembre à Ajaccio, qu'il avait quitté quatre mois auparavant d’une si piteuse façon.

Bonaparte se retrouve dans son élément, il passe l'automne et l'hiver à conspirer. Au mépris de tous les règlements militaires, il ose reprendre, lui capitaine d'artillerie, le commandement de son bataillon de volontaires ; il prononce dans les clubs les discours les plus violents, professe les opinions les plus exagérées, et rompt grossièrement avec Paoli qu'il avait si bassement flagorné tant que la protection du célèbre patriote avait pu lui être utile. Pour prix de cette défection il obtient de ses nouveaux protecteurs, les députés républicains Salicetti et Constantini, le grade d’inspecteur général provisoire de l'artillerie corse. Mais craignant la vendetta des paolistes et de tous les partis qu’il a successivement trompés, il se rappelle tout à coup que son régiment est depuis huit mois en campagne, et le rejoint à Nice, le 11 juin 1793, muni d’une lettre