Variétés révolutionnaires

LE GÉNÉRAL BONAPARTE 291 toire une expédition en Egypte. Nous avons déjà dit quelle attraction le général corse éprouvait pour cet Orient mystérieux. Il s'embarqua à Toulon, le 19 mai 1798, avec soixante mille hommes, s'empara de Malte en passant, et arriva le 1° juillet devant Alexandrie. Bientôt maitre de tout le pays, une désastreuse expédition en Syrie, terminée par la levée du siège de Saint-Jean-d'Acre, lui fit comprendre qu'il n'avait plus rien à faire sur les bords du Nil. Tenu au courant par des émissaires secrets de ce qui se passait en Europe, il se prépara à quitter l'Egypte à la première occasion favorable, en saerifiant une armée à la réalisation de ses vues politiques,comme fit, depuis, Bazaine à Metz. Laissant le corps expéditionnaire dans une situation lamentable dénoncée dans les rapports de Kléber, sans munitions, sans vivres, le 22 août l'indigne général s'enfuit furtivement et s'embarqua pour la métropole, vouant ses compagnons à une ruine certaine. Le mauvais génie de la France voulut qu'il traversât sans coup férir les croisières anglaises ; il débarqua à Fréjus sans remords, prêt à jeter son épée dans la balance. Un courrier du Directoire, Vitalis, envoyé parles complices de Bonaparte pour le rappeler à Paris, le rencontra à Aix. Ainsi le général arrivait sans ordres, en déserteur: un gouvernement soucieux de ses devoirs et de ses droits l’eût livré au peloton d'exécution. Le Directoire, dans son imbécilité, feignant de croire aux mensonges de Bonaparte qui expliquait son retour en disant qu'il avait appris par les feuilles