Variétés révolutionnaires

AVANT-PROPOS VIL

dans les détails; il assemble péniblement bout à bout une foule de petits faits qu’il ne prend même pas la peine de contrôler, qu’il a ramassés dans les égouts de la réaction et il croit avoir saisi l'esprit, dégagé la pensée de la Révolution.

Avec cela nul esprit critique, c’est-à-dire que la qualité maitresse de l'historien lui manque. Il accepte les yeux fermés toutes les inventions, toutes les calomnies de la réaction. Il tient pour avérées, sans les examiner, sans les discuter, toutes les allégations des pamphlets royalistes et contre-révolutionnaires, toutes les accusations qu’au fort de la lutte les groupes révolutionnaires se sont jetées à la tête. C’est exactement comme si un futur Istorien écrivait l'histoire de la Défense nationale en s’en rapportant aux dépositions de la commission d'Enquête présidée par M. Daru, ou l’histoire du 16 Mai, avec les dépêches des préfets de M. de Fourtou.

Pour citer un exemple, dans sa dernière publication, M. Taine diffame Danton, ce grand politique. Il parle négligemment, et comme si c'était acquis à l’histoire, de l’ar‘ gentdelaCour.Iltient pour certaine la vénalité de Danton, comme si l'accusation était prouvée, comme si le docteur Robinet n’en avait pas donné une réfutation lumineuse, décisive, écrasante. Et cependant M. Taine connait le livre de Robinet, puisque dans ses notes il le cite à diverses reprises. Il n’est pas permis, quand on parle de Danton, de passer dédaigneusement et au moins sans les discuter, à côté des travaux du docteur Robinet. C’est un procédé trop commode; ce n’est ni d’un historien qui se respecte, ni d’un écrivain honnête.

Il est de mode aujourd’hui parmi les beaux esprits de médire de la Révolution. Cela pose un homme dans les salons et cela vous fait bien venir du parti des d