Vergniaud : 1753-1793

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semblée nationale. Il écrit ses impressions, et ses appréciations sur les hommes politiques du temps sont intéressantes à retenir. Il parle des phrases déclamatoires du comte de Mirabeau, dit qu'on s’accorde assez pour ne pas estimer le duc d'Orléans, et jugeant l'abbé Maury, il s'exprime de la sorte : « Il est vraiment impossible de se faire une idée de l'audace ou plutôt de l’effronterie de l'abbé, à laquelle ce malheureux joint un talent rare et la force de poumons nécessaire pour le mettre au jour dans une grande assemblée. »

Enfin la fonction du Président attire vivement son attention et il trace un tableau plein d'humeur « C’est un rude métier que celui d'être Président; il faut avoir d’abord un esprit doux et conciliant, et néanmoins de la fermeté ; il faut un poignet infatigable pour agiter, sans cesse, une cloche qui, comme les huissiers, réclame le silence ; il faut accompagner le son de la cloche qu’on ne respecte pas, de celui de la voix, et crier de toutes ses forces pour ramener à l'ordre ; il faut relire vingt fois l'objet mis en délibération et faire cette lecture à la moitié de la salle pendant que l’autre moitié étouffe par ses cris la voix du lecteur. »

Cette peinture, prise sur le vif, sera vraie de tout temps.

Cependant les affaires rappellent Vergniaud, et quelques mois après son retour à Bordeaux, se place son dernier et son plus éclatant triomphe d'avocat. C’est qu’il aborde un terrain nouveau; c’est que l’orateur politique va se révéler plus puissant, plus entraînant, plus passionné que ne s'était jamais montré l'orateur judiciaire. Il plaidait au criminel, et son client, nommé Durieux, était membre de la garde