Vergniaud : 1753-1793
ses oncles mourut, laissant une succession supérieure à deux millions. Elle réclamait sa part héréditaire et on la lui disputait en disant qu’elle était morte civilement et ne pouvait hériter. C'est làle système que va soutenir Vergniaud en invoquant l’ordre de la religion, l’ordre politique, en montrant aux juges le danger que ferait courir à l’ordre social et naturel l'admission de la demande de sœur Sainte-Colombe. « Si j'écoutais vos plaintes tardives, dit-il notamment, si je cédais à l'ambition qui vous égare, votre exemple devenant contagieux entraînerait bientôt hors du cloître une foule de solitaires, qui, fatiguant les tribunaux et leurs familles, deviendraient un sujet de scandale pour la religion et de discorde pour la société... »
Quelle étrange théorie appuyée par des consultations de Target, de Desèze, par un mémoire de Gensonné, et merveilleusement développée par Vergniaud au lendemain du jour où l'égalité des partages était proclamée. Le Parlement, heureusement pour les vrais principes, n’hésita pas, et donna gain de cause à sœur Sainte-Colombe. Mais l'avocat avait remporté un immense succès, et voici avec quelle modestie, il l’annonçait à M. Alluaud : « Je vous envoie un exemplaire de mon plaidoyer contre la religieuse. Il ne me convient pas trop de vous dire que j'ai été applaudi plusieurs fois, mais je vous le dis parce qu’on parle volontiers de ses succès à ceux qu'on aime. D'ailleurs, je vous le dis tout bas, afin que personne ne l’entende et ne m'accuse de vanité. »
A cette époque, Vergniaud, désireux de prendre quelque repos d'esprit, et instinctivement attiré par la multiplicité et la gravité des questions qui s’agitent, vient à Paris et assiste à plusieurs séances de l’As-