Vergniaud : 1753-1793

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neur de prendre part, en son nom, aux grands débats d’où naîtra définitivement une France nouvelle. Loin de l’effrayer, cet avenir l’attire, non pas qu'il soit poussé par l'ambition, mais son pays qu'il aime passionnément est troublé, et sa voix, dont il connaît l'empire, l’aidera peut-être à se calmer plus vite.

Aussi écrit-il, dès le 10 juillet 1790 : «Je suis honorable membre du département de la Gironde... Tout pauvre que je sois, je voudrais payer assez d’impositions pour me trouver éligible en cas d'événement. Je paie 13 francs à Bordeaux. Veuillez bien veiller à ce que je sois complété pour le mare d'argent lors de la confection du rôle ! (1) »

Stimulé par les affaires, par les événements politiques auxquels sa qualité de Conseiller général le mêle activement, Vergniaud secoue, à cette époque, la nonchalance qu'il aimait tant et qui avait si vivement inquiété les siens.

Sa première motion au Conseil général est aujourd’hui, plus que jamais, digne d’être rappelée. Le développement donné à l'instruction publique et l’obligation imposée aux pères de famille de faire instruire leurs enfants demeurera assurément l’une des gloires de notre époque contemporaine. Or le premier acte de Vergniaud, dans une assemblée politique, a été une protestation contre l'ignorance, et le dépôt d’une proposition tendant à rechercher les moyens de faire pénétrer l'instruction dans les campagnes.

En même temps il fonde avec Ducos et Fonfrède une réunion politique et adresse, en son nom, aux municipalités du département une circulaire contenant

1) La valeur du mare d'argent qui rendait éligible était fixée à o q a 54 francs.