Vergniaud : 1753-1793

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un passage qui doit être essentiellement retenu, car il témoigne des sentiments que Vergniaud éprouvait alors pour le roi : « Bénissons Louis XVI, disait-il, d’avoir reconnu que le pouvoir des rois émane de la volonté des peuples et que vingt-quatre millions d'hommes ne doivent pas être soumis aux erreurs et aux caprices d’un seul. Bénissons-le d’avoir reconuu que son plus beau titre est celui de roi-citoyen, que, comme tel, il est le premier soumis à la loi et que tout Français ne doit reconnaître aucun pouvoir qui n’émane d'elle et ne lui soit subordonné. La loi et Le roi, tel sera désormais le cri de ralliement de tous les bons citoyens. »

Mais la fuite à Varennes diminuera bien vite cette admiration, et plus tard le refus obstiné du roi de sévir contre les émigrés y substituera de l'indifférence ou mieux de l’irritation, parce que Vergniaud se sentira vivement atteint dans son patriotisme.

L’attitude du clergé, sa toute-puissance d'hier, la gêne obstinée qu'il pouvait et devait apporter à la marche de la Révolution préoccupaient aussi beaucoup le grand orateur. Aussi disait-il, en proclamant comme président de l'assemblée électorale de district les curés élus : « Souvenons-nous que le Dieu de nos pères est un Dieu de paix, qui fit de l’amour de l'humanité son premier précepte, de l'obéissance aux lois un devoir inviolable, et qui désavouerait pour ses ministres des hommes semant les dissensions, préchant les haines et devenus les apôtres de la rébellion. »

Belles et sages paroles qui, malheureusement, ne furent pas entendues.

Enfin, je ne dois pas oublier que Vergniaud a prononcé un éloge funèbre de Mirabeau. La coïncidence