Vergniaud : 1753-1793

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personne n’a plus que lui honoré la pauvreté; ses deux jeunes et riches amis, Ducos et Fonfrède lui avaient heureusement donné l'hospitalité, et c'est dans cette intimité que se développa cette amitié si vive, quasi paternelle que Vergniaud conçut pour Fonfrède, amitié quilui fit, sublime marque de dévouement, rejeter le poison dont il pouvait user, afin de suivre jusqu'au pied de l’échafaud celui qu’il entraînait à la mort. C’est encore là que, ne voulant rien laisser aux hasards de l'improvisation et continuant une habitude prise au barreau, il rédigeait des notes complètes avant de prononcer ses discours « forts de logique, brülants de chaleur, pleins de choses, étincelants de beauté », comme le dit M" Roland, et prenait ces graves déterminations qui devaient le conduire insensiblement à avertir le trône, à l’ébranler et enfin à l’abattre.

Est-il vrai que, dès ce moment, ses méditations patriotiques, aient été souvent troublées par le souvenir de la belle M'° Julie Candeille, actrice célèbre et auteur dramatique ? Est-il vrai que l’active collaboration du Girondin ait assuré le succès de la Belle Fermière? La plupart des historiens l’ont affirmé ; d’autres se basant sur une dénégation intéressée peut-être, écrite plus tard par M°° Candeiïlle devenue M”* Simons, l'ont nié. Je ne sais où est la vérité, mais ce que je sais bien, avec Michelet, c'est que «dans ses sublimes colères de tribune, on entendait toujours quelque accent de nature ou de pitié, et que son cœur était incapable de se taire ».

D'ailleurs, l’activité de Vergniaud devient en ce moment prodigieuse, etson vaste esprit aborde l’examen de tous les sujets. Tour à tour, il défend la liberté de la presse, propose, le premier, d'enlever