Vergniaud : 1753-1793
— 38 racher à l'anarchie, la France et la liberté que sa puissante parole venait de ravir au trône.
Sous la pression du pouvoir nouveau installé à l'Hôtel-de-Ville, l'Assemblée avait créé un Tribunal extraordinaire, précurseur du Tribunal révolutionnaire, lorsqu'on apprit que Longwy avait ouvert ses portes aux Prussiens après un bombardement de quelques heures. À cette nouvelle, Vergniaud propose de décréter la peine de mort contre tout citoyen qui, dans une ville assiégée, parlera de se rendre, et cherchant à enflammer les courages, il ajoute : « Pourquoi les retranchements du camp placé sous les remparts de cette cité, ne sont-ils pas plus avancés ? Où sont les pelles, les pioches, et tous les instruments qui ont servi à élever l’autel de la fédération et nivelé le Champ-de-Mars; vous avez manifesté une grande ardeur pour les fêtes; sans doute, vous n’en aurez pas moins pour les combats. Vous avez chanté, célébré la liberté, il faut la défendre. » Mais, de son côté, Danton s’est rendu à la commune où on ordonne l’arrestation des suspects et les visites domiciliaires. Aux efforts patriotiques du girondin on oppose la plus criminelle audace. En effet, les prisons sont remplies : un mandat d'arrêt, heureusement inexécuté est lancé contre Vergniaud; puis des hommes néfastes s'offrent ou sont appelés : des prix sont débattus et une épouvantable tuerie commence. Pendant toute une semaine, une horrible troupe va des Carmes à l'Abbaye, de la Force à Bicêtre, du Châtelet à la Conciergerie, revient sur ses pas craignant d’avoir, au fond d’un cachot, oublié quelques victimes et répand des torrents de sang. Quelques jours se passent, et l’Assemblée attérée, demeure silencieuse; c’est notre courageux compatriote