Vergniaud : 1753-1793

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« C'était un grand pas de fait pour les ennemis de la République d’avoir ainsi perverti la raison et anéanti les idées de morale. Il restait au peuple des défenseurs qui pouvaient encore l’éclairer, des hommes qui, dès les premiers jours de la Révolution se sont consacrés à ses succès... L'aristocratie a tenté de les perdre par la calomnie; elle les a poursuivis par des dénonciations perfides, par l'imposture, par des cris forcenés, soit dans d'infâmes libelles, soit dans des discours de tribune plus infâmes encore, dans les assemblées populaires, dans les places publiques, chaque jour, à toute heure, à tout instant.

» La Convention nationale avait un grand procès à juger : les uns ont vu dans l'appel au peuple ou dans la simple réclusion du coupable, un moyen d'éviter une guerre qui allait faire répandre des flots de Sang, un hommage solennel rendu à la souveraineté du peuple. Les autres n'ont vu, dans cette mesure, qu'un germe de guerre intestine et une condescendance pour le tyran. Le feu des passions s’est allumé avec fureur dans le sein de cette Assemblée et l'aristocratie, ne mettant plus de bornes à ses espérances, a conçu l’infernal projet de détruire la Convention par elle-même. Elle à dit : enflammons les haines, mettons à profit, les imprudences d’un patriotisme trop ardent pour que la colère du peuple paraisse dirigée contre une partie de la Convention : nous présenterons ensuite à la France leurs collègues comme leurs assassins et leurs bourreaux; l’indignation publique que nous aurons soulevée produira bientôt une seconde catastrophe qui engloutira toute la Représentation nationale..... »

Sombre prophétie ! Ne semble-t-il pas que l'avenir s'entr'ouvre devant le regard pénétrant de l'orateur ?